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30 septembre 2005

Et que ta volonté soit faite

Je ne pouvais m'empêcher de vous faire partager un de mes textes. J'en ai choisi un parmi les meilleurs et les plus courts. J'espère que vous l'apprécierez.




Matt ouvrit péniblement les yeux, se redressa et regarda autour de lui. Tout était blanc. Il sentit sous sa main un sol doux et rembourré.

«Où je suis, moi ? »

Il se leva, s’approcha du mur et y porta la main. C’était la même texture que le sol.

« C’est quoi ce délire ? Je suis en train de rêver ou quoi ? Qu’est ce que je fous dans une pièce capitonnée ? »

Pas de réponse. Matt essaya petit à petit de reprendre ses esprits. Il voyait le plafond et les quatre murs de cette pièce.

« Bon… J’ai bien dû rentrer ici par quelque part. »

Mais cette pièce ne comportait aucune porte, aucune trappe, aucun faux plafond, rien. Ce n’était qu’une simple chambre capitonnée. Matt eut beau chercher des heures durant derrière chaque recoin, il ne trouva rien. Rien qui n’attire son attention en tout cas.

«Mais qu’est-ce qu’il se passe ici ??? »

Matt avait regardé partout dans l’espoir de trouver une issue mais n’avait encore prêté aucune attention aux deux seuls objets qui traînaient dans cette pièce. Un bloc de feuilles blanches et vierges et un crayon.

Désespéré, il décida finalement de se calmer. Il s’assit dans un coin, saisit le bloc de papier qui se trouvait juste à côté de lui, le crayon et griffonna quelques signes sans signification. Il remplit une feuille entière de symboles et autres choses méconnaissables.

« C’est bien le moment d’apprendre à dessiner !» et sur ces mots, il lança de toutes ses forces le crayon et le bloc de papier contre le mur. Il se retourna et frappa de toutes ses forces contre les parois de la pièce. Cela ne le calmait pas… Il ne pouvait pas se blesser ni même se faire mal dans cet endroit. Impossible d’exorciser son stress et sa colère. Dépité, il se lova dans un coin.

Il fut incapable de dire combien de temps s’était écoulé depuis qu’il s’était endormi. Il regarda autour de lui, retoucha le sol, les murs… Il était toujours dans la même pièce mais elle avait incroyablement changé. Elle était désormais couverte de signes étranges, d’un noir intense, comme peints sur les murs. Matt n’en croyait pas ses yeux. Qui avait bien pu faire cela ? En combien de temps ? Avec quoi ? Et comment était il entré et ressorti sans même le réveiller ? Qui donc avait bien pu être assez pervers pour faire cela ?

Espérant une nouvelle surprise, un peu plus heureuse que celle-ci, Matt reprit son inspection de la pièce. Mais ne trouva toujours ni porte ni trappe ni même un quelconque orifice par lequel il aurait pu se glisser pour sortir de cette pièce de malheur. Rien. Juste cette salle capitonnée et ces symboles étranges.

« Et pourquoi une pièce capitonnée d’abord ? dit-il à qui pourrait l’entendre. Ai-je tant que ça l’air d’un fou ? C’est bizarre, n’est-ce pas ? Je n’en ai pourtant pas l’impression. »

Il se disait que si effectivement il était dans un asile ou n’importe quel autre type d’établissement médical, il y aurait forcément quelqu’un à un moment ou un autre pour l’entendre et peut-être même pour l’écouter…. Il devait bien y avoir une porte puisque toute pièce en a une. Mais elle devait, pensait-il, être assez bien cachée pour qu’il ne la trouve pas et ne s’ouvrir que de l’extérieur. Matt était un homme de logique et c’est ce qu’aurait induit la logique. La logique, encore une fois, le conduisait même à penser que quelqu’un était déjà rentré et qu’il était même ressorti. Merveilleuse logique….

Il retrouva dans un coin, le bloc de feuilles qu’il avait abandonné la veille. Il le parcourut mais ne retrouva pas sa feuille griffonnée. La personne qui était rentrée pendant son sommeil aurait-elle donc emporté cette feuille ? Certainement. Il n’eut pas le cœur à écrire ni même à dessiner quoi que ce soit. Il retourna juste s’asseoir dans un coin. Il mit longtemps à s’endormir mais finit tout de même par tomber dans un profond sommeil sans rêve.

Quand il se réveilla, la pièce était redevenue blanche. Il n’y avait plus aucune trace des inscriptions de la veille. Rien. Sauf toujours le même bloc de papier et le même crayon.

« En plus d’être pervers vous êtes très forts, dit Matt. Mais je suis au moins rassuré sur un point. J’ai cru pendant un moment, hier, que c’était moi qui avais écrit toutes ces choses sur les murs. Dans un élan de folie ou au cours d’une crise de somnambulisme. Mais il m’était impossible de tout effacer pendant la nuit. Alors ? Finirez-vous par vous montrer ? Que nous puissions discuter entre hommes pour une fois ? »

Toujours aucune réponse. Matt éprouva vraiment ce que voulait dire l’expression « parler aux murs ».

Tout à coup, son estomac se fit rappeler à sa mémoire. Une faim infernale le tiraillait. En effet, cela faisait un certain temps qu’il n’avait rien mangé. Même s’il ignorait depuis quand il était enfermé là, il savait pertinemment que ce n’était pas négligeable et qu’il ne devait plus rien avoir dans le ventre depuis un moment déjà. Mais il n’avait rien sous la main et doutait du fait que du papier ou le capitonnage d’une cellule soient très nourrissants.

Une idée folle lui traversa soudain l’esprit. Il courut vers le bloc de papier et y dessina grossièrement des fruits. Puis il alla se coucher dans un coin et se força à s’endormir au plus vite malgré les cris d’alarmes de ses intestins.

Au réveil, des objets ressemblant plus ou moins à des fruits étaient apparus sur le sol, éparpillés. Matt saisit le premier qui lui tomba sous la main, mordit d’un coup dedans et recracha aussitôt.

« Pouah ! Ca a un goût de papier ce truc !! »

Il se força tout de même à manger. Non seulement cela avait un goût atroce mais en plus il sentait que ça ne le nourrissait que très peu. Il devrait pourtant faire avec. Mais, plus important que cela, il avait compris que les avoir dessinés qui avait faits apparaître les aliments. Il se tourna vers le mur le plus proche, espérant qu’une personne située à l’extérieur pourrait le voir et dit, la bouche encore pleine :

« Alors à chaque fois que je vous dessine un truc, vous me l’apportez ? »

Mais il n’eut toujours aucune réponse.

Déterminé, Matt saisit le bloc de papier, dessina aléatoirement des portes sur une feuille et encore quelques aliments difficilement esquissés.

Au réveil suivant, il vit d’abord les aliments qu’il avait dessinés. Il saisit le premier et le mangea. Puis il regarda autour de lui et vit plusieurs portes. D’abord une au plafond. Impossible à atteindre. Puis une toute petite, sur le mur. Inutile pour y faire passer un homme, surtout de sa carrure. Et enfin une autre, dans un coin, de côté, sur deux murs, comme pliée. Il s’en approcha mais ne vit pas de poignée. Il donna un grand coup contre la paroi la plus proche.

« La poignée, dit-il ! J’ai oublié de dessiner la poignée !!!! »

Il retenta alors l’expérience en essayant, cette fois, de ne rien oublier.

En se réveillant, il vit de nouvelles portes, placées différemment de celles de la veille. Il s’approcha de la plus abordable, saisit la poignée et tira doucement. Elle ne bougea pas. Matt se rendit alors compte qu’elle n’était pas droite, impossible dès lors de la faire s’ouvrir. Il vérifia les autres… toutes bancales, inutilisables.

Matt fit de nombreuses tentatives mais aucune ne convenait… aucune porte n’était comme il fallait. Il avait toujours su qu’il était un piètre dessinateur mais avait jusque là pensé que, de toute façon, cela ne lui serait jamais nécessaire. Le plus étrange était le fait que certaines portes se retrouvent sur le sol, d’autres au plafond, d’autres aux murs mais à l’envers.

« Il doit bien y avoir un moyen, se dit-il. Je suis sûr qu’il y a un moyen. »

Puis une nouvelle idée lui vint. Il saisit une feuille et la plia plus ou moins aux dimensions et aux formes de la pièce puis il dessina des portes sur toutes les parois du volume qu’il avait ainsi créé, de façon à ce qu’elles soient droites et touchent le sol. Enfin il prit le soin de numéroter chaque porte. Puis il alla se coucher à nouveau.

Quand il se réveilla, de nouvelles portes encore étaient là. Certaines étaient toujours au plafond, d’autre sur le sol mais celles qui se trouvaient sur les murs étaient correctement positionnées et, grâce aux chiffres gravés sur chacune d’elles, il les reconnut et devina comment, à l’avenir, il pourrait utiliser le même pliage que la veille.

« Il ne me reste plus qu’à réussir à dessiner une porte correctement, pensa-t-il. »

Il ne tentait même plus de communiquer avec une personne extérieure. Il savait maintenant qu’il n’y avait personne. Il n’avait aucune idée de ce qui se passait ni même pourquoi il était là mais il y était et avait la ferme intention d’en sortir.

Après de nombreux essais, il saisit encore la poignée d’une porte et celle-ci glissa. Lentement et sans bruit. Comme dans un rêve. Un large sourire se dessina sur son visage. Mais s’effaça aussitôt. Derrière la porte…. Il n’y avait rien. Rien d’autre que le mur.

Une larme coula le long de la joue de Matt. Lui qui pensait atteindre enfin son but…

Dépité, il ne tenta plus rien pendant un moment, se contentant juste de dessiner un peu de nourriture de temps en temps. Les feuilles étaient blanches. Les murs aussi. Matt ne faisait plus rien. Il n’espérait plus rien.

Puis il finit par se remettre à essayer. Il s’y remit de plus belle et tenta de nouvelles choses. Il dessina des portes entrouvertes, des portes ouvertes, des trappes sur le sol, des trappes au plafond et des échelles pour y mener. Mais à chaque fois, derrière, il n’y avait que cette paroi capitonnée.

Puis une nouvelle idée lui vint à l’esprit. Il saisit une feuille, dessina un cutter dessus et se rendormit.

Au réveil, sans même manger ni boire, sans même regarder autour de lui si quelque chose avait changé, il saisit une feuille, la plia, y dessina une porte et l’évida au cutter. Puis alla se recoucher, sûr de lui. Excité, il eut du mal à fermer l’œil et se maudit lui-même de s’énerver autant.

Au réveil il se rua sur la porte, l’ouvrit brutalement et faillit tomber…. Dans le néant. Derrière cette porte, il n’y avait rien. Même pas le vide. Matt s’arrêta juste à temps, sachant que s’il faisait un pas de plus, il ne pourrait même plus faire aucune tentative. Il n’y aurait vraiment plus aucune échappatoire.

Il s’assit et fixa la porte d’un air interrogateur.

« Mais merde !!! s’énerva-t-il soudainement. Il doit bien y avoir une solution !!!! »

De rage, il prit une nouvelle feuille et dessina un tube de colle en plus du cutter.

Apres quelques heures d’un sommeil difficile, il saisit le cutter et la colle fraîchement apparus, prit une nouvelle feuille et répéta la même opération q’au préalable pour la porte. Puis il prit une nouvelle feuille, qu’il ne plia pas cette fois mais il y dessina une rue en perspective, avec ses immeubles, ses trottoirs, ses poubelles, ses caniveaux. Il y passa des heures afin d’y inclure un maximum de détails, pour essayer de ne rien oublier. Puis, après avoir collé cette feuille derrière la première, il s’endormit, exténué.

En se réveillant, il s’orienta tout doucement vers la porte, les pieds lourds de désespoir. Avant de l’ouvrir, il ferma les yeux. Puis il fit un pas en avant. Là rien ne vint contrer son mouvement. Son pied toucha un sol bien dur. Il patienta quelques secondes afin d’être sûr qu’il ne rêvait pas puis ouvrit les yeux. Il vit alors la ville s’étendre devant lui, telle qu’il l’avait dessinée. Il fit quelque pas sur la route mais se rendit très vite compte que quelque chose ne convenait pas. Il n’y avait aucun bruit, ce qui ne l’avait d’abord pas choqué puisque c’était également le cas dans la pièce qu’il occupait encore quelques minutes plus tôt. Mais surtout… Il ne sentait pas la fraîcheur de l’air envahir ses poumons. Bientôt il suffoqua. Il se retourna et vit au passage que, sur les côtés, là où il n’avait pas pu dessiner, faute de place sur la feuille, il n’y avait rien. Il courut vers la porte qu’il avait lui-même créée et s’engouffra dedans.

Il était revenu au point de départ… De son propre chef.

Il se glissa dans un coin et tenta de réfléchir longuement aux solutions qui s’offraient à lui…. Il avait beau chercher et chercher encore, fouiller tous les recoins de son imagination, plus aucune idée ne lui venait. La source s’était tarie. Et bientôt, il se sentit seul, terriblement seul. Il saisit le bloc de papier, le crayon et se mit à dessiner pendant des heures et des heures. Et, son dessin enfin fini, il s’écroula de fatigue. Quand il se réveilla, la plus belle femme qu’il n’ait jamais vue de sa vie était là, adossée dans un coin de la pièce, le regardant fixement. Il s’approcha doucement, n’en croyant pas ses yeux. Il avait réussi à créer une femme splendide. Il n’était plus seul. Mais quand il fut assez près, il vit qu’elle ne battait pas des paupières. Il toucha alors sa peau du bout des doigts. Elle était froide et lisse comme du verre. Elle n’était pas morte. Elle n’avait jamais été vivante. Terrorisé, Matt la prit dans ses bras, la secoua, pour se prouver que ce n’était pas vrai. La belle se brisa, s’éparpilla en centaines de morceaux plus petits les uns que les autres. Mais pire que tout, elle était totalement vide. Matt s’effondra lui aussi. Epuisé par les émotions qui le submergèrent tout à coup.

Quand il reprit ses esprits, la pièce était redevenue toute blanche, vierge. Il ne savait plus quoi faire. Il ne pouvait pas se créer de sortie, il ne pouvait pas se créer de compagnie. Il s’approcha du bloc sans idée précise. Il prit alors conscience d’une chose qu’il n’avait encore jamais remarquée jusque là. Son visage se crispa. Il fut soudain terrorisé. Le bloc de papier qu’il utilisait depuis le début avait fini par s’épuiser au fil des tentatives manquées. Il ne restait désormais plus qu’une feuille. Que faire alors ? Après celle-ci, il n’y aurait plus d’échappatoire. Plus rien. C’était sa dernière chance. Il le savait. Il n’y aurait pas de bloc de papier qui apparaîtrait comme par enchantement. Pas le même en tout cas. Il ne devait pas la gaspiller. Il se posa dans un coin, doucement, tout doucement. Il se calma autant que possible et tenta de réfléchir à la meilleure chose qu’il puisse faire. Selon sa décision, soit il pourrait rentrer chez lui et retrouver une vie normale soit il resterait bloqué là à jamais. Il observa encore une fois cette pièce puis se mit à rire plus fort qu’il n’avait jamais ri. Enfin il saisit le stylo puis la feuille. Et sur cette dernière il dessina….

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Commentaires
P
c'est pas pour etre mechant,mais je trouve que tu dessine mieux que tu ecris,le style est un peu lourd.<br /> Quand au sujet,pour avoir longtemps frequenté les hopitaux et autres structures psychiatriques,je peux affirmer que c'est un sujet "bateau".<br /> Enfin,c'est deja bien,il faut continuer,et travailler!
L
Ce n'est pas faux non plus. Mais je trouve cela un peu trop facile qu'il se suicide simplement à la fin. Et peut être trop "infantile". J'en ai fini avec le stade de l'adolescent désespéré, je n'ai plus envie que ce soit ce qui passe dans ce texte. Je trouve cela tellement malsain d'une certaine façon de laisser le lecteur s'imaginer une chute dont il ne connaîtra jamais la véracité. Après tout, moi seul peut encore décider de ce qu'il arrivera de mon personnage. Et ce qui est intéressant avec cette situation dans laquelle se trouve Matt, c'est que l'on pourrait imaginer toutes sortes de réponses et les réfuter aussitôt. Ainsi toutes les réponses sont envisageables mais aucune n'est possible. Après tout, si j'avais laissé le "poutre et la corde" qui peut dire si la poutre aurait été solide et aurait soutenu le poids de Matt jusqu'à ce qu'elle soit mort ? Qui sait si Matt aurait su dessiner une corde correctement ?
E
Bon moi je connaissais la fin et même si l'important pour toi dans cette histoire n'est pas la chute je pense que le recit y perd pas mal avec sa suppression. Une fin ouverte c'est bien mais finalement ça enleve tout le desespoir que peut ressentir le heros et ça rend moins compte de sa condition. Mais tu sais de toute façon que j'aime beaucoup ton travail alors continue comme ça, je serai toujours une fidele lectrice
L
Certes mais ça laisse plus de champ libre à l'imagination du lecteur. Et je pense aussi que parfois il n'est pas nécessaire de tout dévoiler. L'important dans cette histoire n'est pas sa chute.
I
Beuhhh c'est cruel d'enlever la fin!!! Mais en tout cas, très bon texte ^^ Beau travail :)
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